Au cours d’une interview accordée à nos confrères de la CRTV-Télé, le diplomate français arrivé en fin de séjour a évité d’éclairer l’opinion publique nationale sur les sens cachés, les enjeux et les stratégies de Paris au Cameroun.

Christophe Guilhou, ambassadeur
de France au Cameroun

Il est d’usage de définir le départ d’un chef de mission diplomatique comme un moment d’expression exacerbée de souvenirs. Devant les caméras de la chaîne de la CRTV-Télé le 23 septembre dernier, Christophe Guilhou a bien voulu ouvrir son bloc-notes. Le Français arrivé en fin de séjour est entré dans la galerie «avec le cœur gros», selon ses propres termes. En veillant à ce que ses dires ne génèrent des sentiments de douleur, de tristesse ou de déception, il a plutôt opté pour une position respectueuse et résolument diplomatique. «Le Cameroun est un pays qui exige beaucoup de la France et il faut que la France et son ambassadeur qui représente son institution ici soient à la hauteur des attentes du public et des autorités camerounaises», a-t-il dit en substance. Au-delà, Christophe Guilhou considère ses trois années passées au Cameroun comme une période tout à fait stimulante, dont il garde à jamais un souvenir ému et véritablement très vivant. Et cela se ressent par une blague: «Comme on dit ici, le White rentre à Mbeng, mais on reste ensemble».

Lignes de failles
Tout au long de son entretien avec le journaliste Charles Ebune, Christophe Guilhou s’est employé à la construction d’un carré langagier afin de se ménager un espace de manœuvre. L’exercice a consisté à faire usage des éléments flous et ambigus, notamment lorsqu’a été abordé l’arrivée de Jean Yves Le Drian à Yaoundé. Pour l’interviewé, «c’était une visite assez exceptionnelle où il a passé trois jours au Cameroun. Il s’est rendu bien entendu ici à Yaoundé, ensuite à Douala la capitale économique du pays et puis ensuite, il s’est rendu dans l’Extrême-Nord à Maroua où il a été très frappé par l’accueil très chaleureux». Pas plus.

De là naît l’inquiétude que l’on pourrait éprouver à voir de délicates questions traitées avec beaucoup de précaution; au risque de brouiller des cartes subtilement disposées. C’est le cas avec «le gré à gré avec Frank Biya». Quiconque a feuilleté l’actualité sociopolitique au Cameroun ces dernières semaines a probablement remarqué la chancellerie française à Yaoundé a parfois été citées en majuscules dans des manœuvres présumées relativement à la succession de Paul Biya.

À tort, selon le diplomate français: «Tout cela était un montage grotesque». De la même manière, il refuse l’interprétation selon laquelle l’arrivée du général de corps d’armée, Thierry Marchand (son successeur) est le signe avant-coureur d’une guerre de succession à Etoudi. «Mon successeur, comme moi, est au service des orientations, des directives qui seront données par le président de la République, quel que soit son parcours précédent. Nous mettons en œuvre des instructions qui sont décidées par Paris. Cela n’a rien à voir avec son profil. Cela ne change en rien les orientations, qui ont été fixées d’ailleurs par le président de la République Emmanuel Macron lors de sa visite officielle. Donc, cela n’a pas d’influence sur la relation stratégique entre le France et le Cameroun», a tranché Christophe Guilhou.

 

Ongoung Zong Bella